« Quand l’innocente rencontre l’immonde » PV.Sarah

Rosy se promenait lentement dans les rues, semblant sans cesse émerveillée parce qu’elle voyait. Elle ressemblait fortement à une petite fille qui visite enfin les ateliers du père noël. Elle avait parfois le droit à des regards moqueurs de demoiselles qui se demandaient fortement si cette fille n’avait pas cinq ans d’âge mental. Son nez se retroussant souvent sous leurs gloussements, elle ne leur prêtait pourtant aucun regard, continuant sa visite des lieux. Tout lui semblait beau et sorti tout droit de l’imagination d’une fille provenant d’un milieu aisé : ce qui devait être le cas d’ailleurs … Les boutiques de vêtements qui n’exposaient que des marques s’étalaient devant elle, et il lui arrivait souvent de coller son front contre la vitre de l’une d’elles pour admirer ce qu’elle contenait. Elle aurait eu l’argent pour s’acheter une ou deux robes, mais n’avait pas l’intention de le faire. Elle avait un tout autre objectif, et si ses pas ne semblaient la mener nulle part, ce n’était pas le cas. Elle savait un peu près où elle allait, ne s’en faisait pas trop si elle se perdait : il existait bien des gens aimables pour lui montrer son chemin, non ?

La brunette s’arrêta tout à coup devant une boutique qui ne vendait que des maillots de bain – en tout cas, c’est ce que clamait la pub accrochée à même la vitre -. Elle y entra tout sourire pour se diriger de suite vers un rayon coloré. Elle n’était pas du genre coquette, et le choix ne fut vraiment pas difficile. Après avoir essayé trois maillots de bain, elle parvint à la caisse avec un peu de mal - la masse humaine qui s’entassait dans les rayons était innombrable – et paya les trois, ne pouvant pas choisir entre tous. Elle sortit donc du magasin avec son petit sac de courses qui contenait trois maillots de bain deux pièces, un bleu, un jaune et un autre vert. Elle avait hésité à en prendre un rouge, mais une bonne femme lui avait tout bonnement pris des mains … N’en faisait pas un scandale, elle avait décidé de s’arrêter à trois articles. Elle se dirigeait maintenant vers l’appartement qu’elle habitait avec ses deux meilleurs amis. Arrivée là-bas, elle ne prit même pas la peine de savoir s’ils étaient là, et elle enfila son maillot de bain bleu sous ses vêtements. Après cela, elle prit la direction de la sortie, emportant avec elle, ses lunettes et une serviette de bain. Direction la plage !

Par chance, la plage était le lieu le mieux indiqué de tous les Hamptons. Elle n’eut donc aucun mal à la trouver. Un sourire ravi atteignit ses lèvres lorsque ses pieds fraîchement déchaussés touchèrent le sable fin. Heureusement de pouvoir profiter du bon temps – Londres n’est pas réputé pour son soleil radieux … -, de la plage et de la mer, elle marcha d’un bon pas pour chercher une place où s’installer. Lorsqu’elle en trouva une, elle se laissa choir, ne prenant même pas le temps de mettre sa serviette sur le sol, et admira les gens évolués autour d’elle. Elle aurait pu rester des heures à les contempler, nullement gênée par son inactivité. Mais malheureusement pour elle, ce ne fut pas le cas. Une personne pour le moins désagréable vint troublée sa sérénité.

« Oh mais regardez moi ça, une enfant perdue ! »

Des gloussements qui firent frémir le nez de la belle accompagnèrent ses paroles acerbes. Son regard noisette se tourna vers l’affreuse personne pour reconnaître une personne qui ne l’était pourtant pas lorsqu’elle parlait d’elle avec sa meilleure amie. Elle ne savait pas trop comment réagir, et décida de se taire pour le moment … Jusqu’à ce que les rires reprennent face à sa réaction qui ne venait pas. Les ricanements incessants de ses pimbêches n’auraient plu à personne …

« Je ne suis pas une enfant … »

C’était puéril, certes, mais elle ne savait pas trop quoi dire d’autre. Après tout, elle ne faisait pas le poids face à la charismatique Mademoiselle Chanel. Elle n’était que Mademoiselle Evington, et si cela ne la dérangeait pas outre mesure, elle aurait voulu qu’il en soit autrement en ce moment même pour être d’égal à égal … Mais ce n’était pas le cas, et elle devait faire avec.